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Histoire du Château

 

Ce château construit entre le XIVème et XVème siècle, aujourd’hui en ruines, se dresse au cœur du village de Lavauguyon, sur la commune de Maisonnais-sur-Tardoire. Peu connu des visiteurs, il se situe à 20 km de Rochechouart et 50 km de Limoges. Le visiteur peut observer les restes du château médiéval, encore en partie cachés par la végétation, donnant un aspect romantique et à la fois légendaire au château.

Voici des précisions historiques présentées par Christian Rémy, Historien spécialiste du Limousin:

 

"Le château de Lavauguyon domine le Val de la Tardoire. Il s’agit d’un fief de la Vicomté de Rochechouart qui n’est d’abord qu’un « hébergement, c’est-à-dire, une maison forte : en 1352, Jourdain de Montcocu, qui est un chevalier, se dit Seigneur de Lavauguyon. Ce lignage étant anciennement attesté dans la vicomté (dès le XIème siècle), il n’est pas exclu que le site soit plus ancien que cette première mention. Seule l’archéologie pourrait l’attester. Dans les archives de la vicomté, il apparait que les Montcocu en sont déjà maitres en 1304.

Dans les ruines actuelles, l’élément le plus ancien est un haut logis à pignons qui pourrait remonter au XIVème siècle. Au début du XVème siècle, le jeune Jourdain de Montcocu est sous la tutelle de son oncle, Audoin de Pérusse : vers 1420, ce dernier hérite des bien de son neveu, manifestement décédé sans descendance. Les Pérusse, originaire du Castrum de Ségur où ils tiennent un hôtel noble depuis le XIIème siècle au moins et établis au château des Cars depuis le XIVème siècle, mettent ainsi la main sur la seigneurie de Lavauguyon.

En 1435, les testament d’Audoin de Pérusse attribue l’hopicium de La Vau Guyon à son aîné gauthier de Pérusse. En 1467, celui-ci prête hommage de son reppayrum de la Vau, au vicomte de Rochechouart. En 1479, n’ayant pas d’enfants, il partage ses biens entre ses trois neveux et attribue Lavauguyon et d’autres possessions de l’ouest du diocèse de Limoges à Gautier de Pérusse (Varaignes, La Coussière, la Tour de Bar, etc…). C’est à lui que l’on doit la bonne fortune du site. Dès 1489, celui-ci refuse de prêter hommage au Vicomte de Rochechouart et tente d’obtenir un démembrement.

En 1492, par une procédure judiciaire, le Vicomte accuse Gautier de Pérusse de faire reconstruire son hébergement avec tous les attributs d’un château fort et ce, sans son autorisation. Il demande que tous les bâtiments fortifiés, tours et tourelles, qui ont été édifiées depuis trois années (donc depuis 1489) soient démolis et abattus. L’affaire traine et la sentence n’est manifestement pas appliquée. Au contraire, Gautier de Pérusse obtient le soutien de Pierre de Bourbon-Beaujeau et de sa femme, Anne de France, anciens régents après la mort de Louis XI, bientôt sénéchal de Bourbon. Il obtient la seigneurie de Saint-germain de Confolens qu’il reconstruit également (Après 1498). Il devient un personnage influent : sénéchal de Bourbon. Il réussit à marier son fils François de Pérusse à l’héritière d’une branche cadette des Bourbon, Isabeau de Carency. Il date de nombreux documents de Lavauguyon qui est sa résidence principale. On doit, de toute évidence, lui attribuer la construction du château, entre 1489 et sa mort ? vers 1515.

Son petit-fils, Jean d’Escars, estimé de Charles IX et d’Henri III, fut fait chevalier du Saint-Esprit en 1578. Charles IX érigea sa seigneurie en comté, en 1568. Mais Jean meurt en 1595 laissant sa succession à sa fille Diane, mariée à Louis D’Estuer de Caussade.

En 1653, Marie d’Estuer de Caussade, fille unique de Jacques d’Estuer de Caussade, prince de Carency, petite-fille de Diane, est marié à Barthélémy de Quélen qui devient comte de Lavauguyon et prince de Carency. Il meurt à Douai en 1667. En 1694, le Mercure Galant, l’une des premières gazettes de France, narre les funérailles de Marie d’Estuer qui sont organisées au Château, entièrement couvert de tentures noires pour l’occasion.

En 1720, le fils de Marie, Nicolas de Quélen de Lavauguyon, est obligé de vendre Lavauguyon et Varaignes car la famille a été ruinée par André Bétoulat, le second époux de Marie. En 1759, Antoine Paul Jacques de Quélen, fils de Nicolas, obtient du roi Louis XV le titre ducal pour son comté de Lavauguyon qui survit à la vente. On ignore si le château est encore habité.

Le Château, qui a donc été reconstruit dans la dernière décennie du XVème siècle et le tout début du siècle suivant, se présente sous la forme d’un quadrilatère cantonné de tours rondes. Il est entouré par un large et profond fossé puis par un boulevard d’artillerie périphérique.

 

Dans un dessin de 1885, Léo Drouyn représente différents lambeaux de murs qui correspondent à la courtine nord et à la loggia qui la précédé. On voit nettement la colonne torse figurée contre la tour, il en reste un morceau de nos jours. Cette représentation est tout à fait précieuse et met en lumière ce château dont les vestiges gagneraient à être préservés et mis en valeur. Elle est à mettre en regard du lavis réalisé par Allou en 1837, montrant la progression rapide de la ruine.

 

 

L’accès au château s’effectuait par la tour-porte quadrangulaire du front nord, équipée d’un pont-levis à flèches, dont le passage couvert était voûté d’ogives. A l’époque de Drouyn, la clé pendante de cette voûte trainait encore « dans les décombres de la cour ». Le sommet de la tour était encore muni de quelques consoles de mâchicoulis « par-dessus lesquels s’élève la base d’une autre tour plus étroite, qui donnait beaucoup d’élégance au château ». On peut donc imaginer une tour dotée d’un chemin de ronde couvert comme cela est fréquent à la fin du Moyen-Âge. Par analogie avec Montbrun, Drouyn pense que les tours d’angle étaient, elles aussi, munies de mâchicoulis. Les tours d’angle, comme les portions de courtines conservent plusieurs modèles de canonnières des années 1490-1510, généralement « à la française » (c’est-à-dire à ébrasement extérieur très aplati), mais pour certaines, à pertuis de tir de fente de visée en arrière du parement (avec ébrasement plus prononcé, à la base des tours).

 

Léo Drouyn nous apprend que, comme au château des Cars, à saint-Germain de Confolens, à Rochechouart ou à Bonneval, réalisations contemporaines, Lavauguyon comportait des galeries sur portiques. Ici, les quatre côtés de la cour intérieure (33m par 33m) en étaient munis. Il ne parle pas de la forme des colonnes de cet ensemble de portiques. Etaient-elles torsadées comme à Rochechouart ? Nous pouvons penser que oui, compte tenu des supports de poteaux en réemploi dans les granges de Fougeras ou de Lâge de Maisonnais. Il note que les colonnes de la loggia édifiée sur le fossé nord, à gauche du la tour-porte, sont torsadées comme celles de Rochechouart et que les arcs qu’elles soutenaient étaient surbaissés. Il distingue, dans cette loggia, deux étages de chambres, le tout couvert en terrasse « de béton » épaisse de 50cm. Cet agrandissement réalisé dans le fossé est manifestement inspiré par des loggias des grands châteaux royaux sous Louis XII puis François Ier : peut-être est-il à mettre à l’actif de François des Cars, fils de Gautier, après 1515?

 

Le logis principal occupe l’aile est du quadrilatère et il est desservi, comme à Rochechouart, par deux tourelles d’escaliers en vis, hors œuvre. Léo Drouyn remarque la présence de peinture sur le courtine Ouest, sous la galerie, qu’il date du commencement du XVIème siècle, portraits plus grands que nature avec des inscriptions qui indiquent les noms des personnages : portraits de famille ou scènes historiques."

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